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Photo du rédacteur Véronique Lemée

L'ART TIBETAIN DU SOIN - SOWA RIGPA : UN SYSTEME DE SOIN COMPLET

Dernière mise à jour : 4 déc. 2023


LES ORIGINES

Les enseignements originaux de cet art de soigner sont attribués au Bouddha Sakyamuni qui est né et a vécu en Inde il y a environ 2500 ans et s’est révélé pour les bouddhistes sous la forme du Bouddha de Médecine, SANGYÉ MENLA.


Il y a deux grandes périodes :


- ÈRE PRÉ-BOUDDHIQUE

Les transmissions sont exclusivement orales, il n’y a aucun écrit jusqu’au 8e siècle. L’origine de l'Art tibétain du soin - Sowa Rigpa - se trouve dans le chamanisme Bön. Elle naît de l’expérience des hommes qui cherchent à se guérir : propriétés curatives d’aliments, de boissons, de thérapies externes, de certaines plantes, des eaux thermales et autres…

Jusqu’au 7e siècle, les techniques évoluent et se répandent avec de nombreux enrichissements liés aux influences indiennes, chinoises et perses.


- ÈRE BOUDDHIQUE à partir du 8e siècle : le père de la médecine tibétaine, Yuthok

Au 8e siècle, le médecin Yuthok Yonten Gompo, Yuthok l’Ancien, traduit en tibétain le principal traité de Médecine tibétaine, nommé le Gyu Shi. Il est constitué des Quatre tantras de médecine : Tantra racine, Tantra explicatif, Tantra des instructions orales et Tantra final appelé aussi Tantra des actions. Les enseignements se transmettent alors uniquement dans la lignée des Yuthok.


Au 12e siècle, Yuthok le Jeune, descendant de l’Ancien, enrichit le texte fondamental des Quatre Tantras de médecine, ajoute des explications sur les pouls, l’analyse d’urine et intègre à la pratique médicale, la pratique spirituelle, restée jusqu’ici secrète.

Yuthok le Jeune ouvre les enseignements, car il a dans un rêve une vision éveillée de la Dakini de Médecine de la Chaîne Glorieuse qui l’autorise à transmettre les enseignements hors de la lignée familiale afin qu’ils puissent se répandre.

Les Quatre tantras médicaux et le Yuthog Nyingthig, la pratique spirituelle laïque de la médecine, sont appelés les deux joyaux.


LA SIGNIFICATION DE SOWA RIGPA

Sowa Rigpa peut se traduire de deux manières : Sciences de la guérison ou Nourriture de la conscience (plus précisément nourrir la prise de conscience). [sowa] : guérir ou nourrir - [rigpa] : connaissance.

Le double sens de Sowa rigpa révèle l’aspect relatif et l’aspect ultime de cette médecine.

Le premier aspect c’est ˮl’équilibre relatifˮ de l'esprit, du corps et de l'énergie. Cet équilibre est conditionné et limité par la loi de cause à effet. On est ici dans une approche de guérison sur un plan physique, avec une dimension temporelle et préventive.

Le second aspect c’est ˮl'équilibre absoluˮ ou l'état parfait au-delà de la loi des causes et des effets. On est dans une approche de guérison sur un plan subtil et fondamental, avec une dimension spirituelle et curative.

LES QUATRE TANTRAS DE MÉDECINE

Le contenu médical de ces Quatre Tantras s’articule autour d’un dialogue entre deux sages : le sage Rigpei Yeshi répond aux questions du sage Yidlay Kyé.

1er Tantra racine [rTsa rGyud]

La base : provenance, sujets abordés, diagnostics et traitements divers. 8 sections.

2e Tantra explicatif [bShad rGyud]

Plus théorique : embryologie, étude des plantes, alimentation, comportement, base des pathologies, anatomie. 11 principes expliqués en 31 chapitres.

3e Tantra des instructions orales [Man Ngag rGyud]

Le plus volumineux : toutes les pathologies ou déséquilibres, les causes, symptômes, traitements internes et externes. 15 parties expliquées en 92 chapitres.

4e Tantra final ou Tantra de l'action [phyi ma rGyud]

Le volume pratique : détails de l’analyse d’urine et de la pulsologie et définition des méthodes thérapeutiques telles que le massage, la moxibustion, l’acupuncture, les ventouses. Il met en application les principes. Il se divise en 4 aboutissements expliqués en 25 chapitres.

Dans ces Quatre Tantras sont exposés environ 84 000 maladies, et parmi les différentes thérapies, l'usage d'une pharmacopée comprenant plus de 2000 substances naturelles.


LE YUTHOK NYINGTHIG[1]


Selon les écrits du Dr Nida Chenagtsang, c’est la pratique spirituelle des médecins en Médecine tibétaine, des astrologues et des praticiens guérisseurs. « Nying » signifie « cœur » et « thig » signifie « essentiel ». Le sens plus complet est exprimé ainsi : « Cœur essentiel des enseignements de Yuthok ».

Le Yuthok Nyingthig est une pratique spirituelle de style bouddhiste. Cette pratique a été élaborée afin d’amener les praticiens à expérimenter l’union entre la médecine et la pratique spirituelle.

Les Quatre tantras médicaux sont destinés à ceux qui veulent pratiquer et étudier la Médecine Tibétaine d’une manière médicale. Le Yuthok Nyingthig est un enseignement secret qui s’adresse à ceux qui désirent la santé physique et mentale mais aussi qui veulent atteindre un progrès spirituel.

Le texte racine de Yuthok Nyingthig est un exposé des enseignements spirituels de Yuthok. Dans ces enseignements, les pratiques spirituelles, le yoga et la méditation font partie intégrante de la formation de chaque médecin.

La pratique de Yuthok Nyingthig doit aider le médecin à être plus perspicace, et plus juste dans sa vision et sa pratique du soin.


Que ce soit dans les Quatre tantras de Médecine ou dans le Yuthok Nyingthig, un seul objectif est poursuivi : guérir la maladie à ses racines en se concentrant sur les causes plutôt qu’en traitant les symptômes (effets).


Selon la vision de la médecine tibétaine, les causes d’un point de vue relatif – physique – sont en lien avec l’équilibre énergétique, alimentaire, l’hygiène de vie et le comportement. Les racines des maladies, d’un point de vue absolu, trouvent leurs origines dans les trois poisons du bouddhisme tibétain : colère/aversion – attachement/désir et ignorance/opacité mentale. Mais dans le soin, comment le relatif et l’absolu sont-ils en lien ?


TENDREL : L’INTERDÉPENDANCE

La notion d’interdépendance est au cœur du système de pensée tibétain. [TEN] signifie « dépendance » et [DREL] « connecté ». Tout est relié dans la vision du monde des tibétains.

Cette interdépendance des phénomènes, des êtres, des éléments fondent la vision holistique, globale de cette science médicale tibétaine. Elle mène à équilibrer l’ensemble de l’être humain : physique, énergétique, émotionnel, mental et spirituel.

[1] Les explications sont puisées majoritairement dans l’Art du bon Karma

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